
Crédits : Baltitech/Tomasz Stachura et Marek Cacaj
La mer baltique recèle de très nombreux trésors oubliés qui font le bonheur des plongeurs et des passionnés d’archéologie sous-marine. Ces plongées ont ainsi permis de découvrir un mur de pierre vieux de 11 000 ans sous les flots ainsi qu’une machine Enigma autrefois utilisée par les nazis. Toutefois, rien ne fascine autant que les bateaux anciens qui y croupissent et qui se dévoilent au fil des brassées, souvent dans un état de conservation exceptionnel grâce à la faible salinité de ces eaux qui garde à distance le taret, ce mollusque qui se plaît à grignoter le bois de ces bâtiments oubliés. Ce mercredi 24 juillet 2024, des plongeurs ont néanmoins fait une découverte encore plus remarquable. En effet, dans une épave engloutie, ils ont retrouvé du champagne et bien plus encore.
Une épave exceptionnelle chargée de bouteilles de champagne
« Nous étions en train d’explorer de nouveaux endroits par pure curiosité et c’est alors que nous sommes tombés sur cette épave », explique M. Stachura, l’un des membres du groupe de plongeurs Baltictch. La semaine dernière, alors qu’ils naviguaient à environ vingt mille pieds marins au sud de l’île suédoise d’Öland, le sonar dévoilait en effet vaguement la position de ce qui semblait alors être un simple bateau de pêche. Marek Cacaj et Paweł Truszy Marski, deux plongeurs, se motivent alors à descendre voir ce qui se trouve sous l’eau. Arrivés à 58 m de profondeur, ils se rendent rapidement compte qu’ils ont découvert un trésor exceptionnel. En effet, ils découvrent un navire du XIXe siècle en très bon état rempli d’une centaine de bouteilles de champagne, d’objets en porcelaine, de vin et d’eau minérale.
Crédits : Baltitech/Tomasz Stachura et Marek Cacaj
« Je plonge depuis 40 ans, il arrive souvent qu’il y ait une ou deux bouteilles… mais tomber sur une épave avec une telle cargaison, cela ne m’était jamais arrivé auparavant », s’enthousiasme Thomasz Stachura, le chef de Baltictch. D’après les plongeurs, l’épave en question, un voilier de seize mètres, aurait chaviré à cause du poids excessif de sa cargaison : « Ce qui est frappant, c’est qu’il n’est pas adapté pour supporter une telle charge ». Ils pensent qu’il est possible que le propriétaire du bateau ait « emprunté de l’argent, acheté une cargaison à Copenhague (Danemark) et s’est dirigé vers le nord en direction de Stockholm, dans l’espoir de réaliser l’affaire de sa vie ? »
Une eau minérale pas comme les autres
Si la présence de champagne en telle quantité peut faire rêver, l’eau minérale trouvée à bord a elle aussi une histoire fascinante à raconter. Conservée dans des bouteilles scellées en argile, elle a permis de déterminer que le naufrage du bateau avait eu lieu dans la seconde moitié du 19e siècle, plus précisément entre 1850 et 1867. « Nous avons réussi à prendre des photos d’une estampille sur une bouteille [voir ci-dessous, NDLR] qui s’est avérée celle de la marque allemande Selters et ces empreintes avaient une forme précise à cette époque », précise M. Stachura.
Crédits : Baltitech/Tomasz Stachura et Marek Cacaj
L’équipe de plongeurs, qui s’est depuis rapprochée avec la Fondation #MARIS, des historiens de l’Université de Södertörn et le professeur Johan Rönnby, responsable des recherches sous-marines en Suède pour en apprendre plus sur cette découverte et approfondir le sujet, rapporte qu’à cette époque, l’eau minérale est presque considérée comme un médicament que seules les tables royales utilisaient. Très précieuses, les cargaisons de boissons étaient donc transportées sous haute garde. Les plongeurs rappellent en outre qu’aujourd’hui, la marque Selters existe encore et reste réputée pour ses produits. Enfin, ils expliquent que l’usine de céramique de l’époque existe également toujours et ils sont en contact avec des employés sur place pour obtenir un maximum d’informations.
Que va devenir le champagne ?
Le champagne ne risque pas de bouger de sitôt du fait de restrictions administratives. « Cela fait 170 ans qu’il repose là, alors laissons-le reposer une année de plus, nous aurons plus de temps pour bien préparer cette opération », conclut M. Stachura.
Cette découverte n’est en tout cas pas sans rappeler celle de 2010, lorsque 168 bouteilles vieilles de 70 ans de cette boisson pétillante avaient été retrouvées dans une épave au large d’Aland, un archipel situé entre la Suède et la Finlande. Une partie a ensuite été vendue aux enchères. Reste à voir si le butin déniché récemment aura le même destin…