Des rivières d'Angleterre au sables de la Méditerranée, découvrez cinq épées exceptionnelles ressurgies du passé. © iStock / Lorado
Des eaux claires de la Méditerranée aux champs de bataille oubliés de la Suisse, des épées anciennes refont surface, révélant des récits oubliés de l'histoire humaine. Découvrez cinq découvertes archéologiques récentes qui ont permis de retrouver des armes remarquables ressurgies du fond des âges.
L’histoire des hommes se nourrit d’épopées et de légendes où l’épée et sa riche symbolique occupent une place centrale. Évoquant tour à tour le pouvoir des princes, la bravoure des guerriers ou l’habileté des forgerons du passé, l’épée nous plonge au cœur des cultures anciennes où elle prenait bien souvent une dimension religieuse, voire funéraire, qui nous surprend encore. Découvrez cinq trouvailles remarquables d’épée qui ont eu lieu ces dernières années, des côtés méditerranéennes aux rivières de l’Oxfordshire, révélant tantôt un champ de bataille romain, un artisan viking ou un pan de l’histoire des Croisades.
1. Pêche miraculeuse dans une rivière de l’Oxfordshire
La scène est digne d’un conte de fées ou d’un roman de chevalerie. En novembre 2023,Trevor Penny s’adonne à une séance de pêche à l’aimant dans les eaux troubles de la rivière Cherwell, située dans le comté de l’Oxfordshire en Angleterre, lorsqu’il voit soudain remonter à la surface une épée en métal, relativement bien préservée, dont il pressent la valeur. L’homme s’empare alors de son téléphone pour interroger son application Google Images afin qu’elle lui donne une idée de la nature exacte de l’objet. Le verdict est plus que réjouissant : il s’agirait d’une épée viking datant d’environ 1200 ans.
C’est grâce à Google Images que l’épée retrouvée dans la rivière Cherwell a été identifiée comme une arme viking. ©Trevor Penny
Après avoir été confiée au service archéologique du comté, l’épée est finalement authentifiée par des experts en mars 2024 et datée entre 850 et 975 après J.-C. L’objet aurait donc été forgé lors de la première vague d’invasions viking dans les îles britanniques aux IXe et Xe siècles. L’Angleterre est alors divisée en sept royaumes anglo-saxons, l’Essex ou royaume des Saxons de l’Est, l’Est-Anglie ou royaume des Angles de l’Est, le Kent, la Mercie, la Northumbrie, le Sussex ou royaume des Saxons du Sud et le Wessex ou royaume des Saxons de l’Ouest, qui vont progressivement s’unifier dans le courant du Xe siècle. Les incursions des peuples scandinaves, principalement des Norvégiens, des Danois et des Suédois, ont eu un impact profond et durable sur l’Angleterre médiévale, avec des conséquences politiques, sociales et culturelles significatives.
Pour en savoir plus : En Angleterre, un pêcheur à l’aimant découvre par hasard dans une rivière une épée viking vieille de 1200 ans
2. Parlez-vous le vieux futhark ?
Une captivante découverte archéologique a eu lieu au Danemark en novembre 2021. Des chercheurs du musée d’Odense ont mis au jour une petite épée, ou plutôt un petit couteau, daté de 150 après J.-C., qui porte la plus ancienne inscription runique connue dans le pays. Cette trouvaille a été réalisée lors de la fouille d’une tombe de l’âge du Fer sur l’île de Fionie, la troisième plus grande île du Danemark, après le Jutland et la Zélande, qui abrite de nombreux sites archéologiques et patrimoniaux. Les runes gravées sur la lame du couteau ont été écrites en vieux futhark, qui est considéré comme le premier alphabet utilisé par les peuples germaniques.
C’est en nettoyant cette petite lame couteau daté de 150 apr. J.-C que les archéologues ont vu apparaître le mot « hirila » en vieux futhark. © Rogvi N. Johansen / Musée d’Odense
Le vieux futhark constituait un système d’écriture alphabétique répandu parmi les tribus germaniques bien avant l’émergence des langues scandinaves modernes. La petite taille de la lame, qui mesure à peine 8 centimètres, suggère qu’elle aurait pu être un objet personnel ou utilisé pour des tâches quotidiennes. Cependant, compte tenu de l’utilisation sophistiquée du langage runique et de son emplacement dans une tombe, il se pourrait que ce couteau ait eu une importance particulière – peut-être même associée à une figure importante de la société. Les experts soulignent que ces inscriptions sont non seulement les plus anciennes découvertes au Danemark mais qu’elles représentent également un trésor national qui éclaire l’histoire primitive de l’utilisation écrite des langues dans cette région nordique.
Pour en savoir plus : Les plus anciennes runes du Danemark découvertes sur une « petite épée » vieille de 1800 ans
3. Quand l’âge du Bronze fait des étincelles
La découverte en juin 2023, en Allemagne, d’une épée octogonale en bronze vieille de plus de 3000 ans a marqué un moment significatif pour les experts et historiens. L’arme mise au jour sur le site archéologique de Nördlingen, en Bavière, était toujours étincelante. Cet état exceptionnel de conservation est extrêmement rare pour des objets aussi anciens qui ont passé des millénaires sous terre.
Mise au jour dans une tombe collective de l’âge du Bronze, cette épée a pu servir d’arme de combat ou bien d’objet symbolique. ©Archäologie-Büro Dr. Woidich/Sergiu Tifui
Datée de l’âge du Bronze moyen (1600-1300 av. J.-C.), et plus précisément de la fin du XIVe siècle av. J.-C., elle a été retrouvée dans une sépulture collective ce qui suggère qu’elle pourrait avoir eu une grande importance rituelle ou symbolique pour les individus avec qui elle reposait. Une telle trouvaille soulève plusieurs questions intéressantes sur les techniques métallurgiques utilisées à l’époque ainsi que sur les pratiques funéraires et le statut social des personnes enterrées avec l’épée. Les archéologues et les chercheurs continueront sans aucun doute à analyser cet objet pour mieux comprendre son origine, son utilisation et sa signification culturelle pour les personnes de cette ancienne société.
Pour en savoir plus: Découverte dans une tombe en Allemagne, une épée vieille de 3000 ans surprend les archéologues
4. Souvenir d’une bataille en mer
En octobre 2021, lors d’une plongée sous-marine au large des côtés du nord d’Israël, Shlomi Katzin, un plongeur amateur, a la surprise de sa vie en tombant sur une épée longue d’environ 1,2 mètre, affleurant sous le sable. La corrosion et l’entartrage naturels (« croûte biogénique » composée de coquillages, de sable et de micro-organismes durcis s’était formé autour de l’objet) l’ont préservé dans l’eau salée où normalement le fer se désintègre. Après sa découverte, l’Autorité israélienne des Antiquités (IAA) s’est associée avec le Centre de recherche nucléaire de Soreq pour l’étudier en utilisant des radiographies à rayons X non invasives. Ces analyses ont permis d’établir que cette épée vieille de plus de 800 ans datait de l’époque des Croisades en Terre Sainte (laquelle débute en 1099 avec la conquête chrétienne de Jérusalem et durera environ deux siècles). L’arme, composée d’une lame datant du XIIe siècle et d’un pommeau du XIIIe siècle, a pu être identifiée comme probablement européenne.
Shlomi Katzin et sa trouvaille. ©Shlomi Katzin / Israel Antiquities Authority
Les chercheurs pensent que cette épée appartenait vraisemblablement à un membre de la noblesse croisée en raison de son coût de fabrication élevé et de la formation nécessaire qu’il fallait recevoir pour manier une épée longue et droite adaptée au combat rapproché. Selon Jacob Sharvit, directeur de l’unité archéologique marine de l’IAA, l’épée a dû être « utilisée par un chevalier croisé qui s’est installé dans le pays après la première croisade et a établi le royaume de Jérusalem en 1099 ». Elle serait alors tombée à l’eau lors d’une bataille navale féroce entre Croisés et habitants musulmans des villes côtières. « Étant donné le nombre de batailles sanglantes qui ont eu lieu dans le pays entre croisés et musulmans, explique Jacob Sharvit, on aurait pu s’attendre à ce qu’un plus grand nombre d’épées de ce type soient trouvées. En réalité, la plupart du temps, seuls des fragments ont été retrouvés, et très rarement des épées entières. Jusqu’à présent, sept épées datant de cette période ont été trouvées dans le pays, la plupart dans la mer ».
Pour en savoir plus : Israël : un plongeur retrouve par hasard dans la Méditerranée une épée datant des Croisades
5. Le premier champ de bataille romain de Suisse
La découverte en Suisse en 2021 par Lucas Schmid, un archéologue amateur, d’une dague romaine vieille de plus de 2 000 ans a révélé l’emplacement du premier champ de bataille romain connu dans le pays. Grâce à son détecteur de métaux, l’homme est tombé sur cette arme exceptionnellement bien conservée qui aurait été intentionnellement enfouie dans le sol par un soldat romain. La datation de la dague coïncide avec une période d’affrontements entre les soldats romains et les peuples alpins vivant dans la région vers l’an 15 av. J.-C. Des campagnes militaires sont alors menées par Drusus et Tiberius pour soumettre les tribus locales et étendre l’influence romaine, résultant en l’annexion de la Rhétie comme province romaine.
La dague avant restauration, vue aux rayons X, et après restauration. ©Service archéologique du canton des Grisons
Cette dague n’est pas seulement un artefact militaire, elle est également pourvue d’une riche décoration constituée d’incrustations d’or et de laiton. Ceci pourrait indiquer qu’elle a été enterrée volontairement par son propriétaire pour remercier les dieux après une victoire. Seuls quatre autres exemplaires d’épée du même type sont connus à ce jour pour le monde romain. Le site de la découverte a fait l’objet de fouilles il y a vingt ans mais certaines zones n’avaient pas encore été minutieusement explorées. Après cette nouvelle trouvaille, des recherches supplémentaires ont permis aux archéologues de découvrir des centaines d’autres objets datant de la même époque sur le site suisse, incluant des fers de lance et des armes portées par les légionnaires.
Pour en savoir plus :Découverte au détecteur de métaux, une dague de plus de 2000 ans permet d’identifier le premier champ de bataille romain de Suisse