Les découvertes de ruines mayas se multiplient grâce à l’utilisation de satellites équipés de Lidar. Cette technologie permet de percer le couvert végétal dense, révélant des vestiges longtemps cachés. Mais au-delà de ces découvertes, c'est l'impact du changement climatique sur cette société, ainsi que les leçons que nous pourrions en tirer, qui captivent les chercheurs. À l'heure où l'intelligence artificielle promet de transformer encore davantage ce domaine, l'archéologie entre dans une ère inédite, alliant technologie et exploration du passé pour mieux anticiper l'avenir.
Depuis une décennie, les découvertes archéologiques liées à la civilisation maya se multiplient, grâce à l’usage croissant des satellites équipés de Lidar. Cette technologie laser permet de percer le couvert végétal dense qui dissimule encore de nombreuses structures sur les sites de la péninsule du Yucatán, au Mexique, au Guatemala et au Belize.
Des chercheurs de l'Université technologique du Texas, dirigés par Brett Houk, et de l'Université de Caroline du Nord, sous la direction de Tim Murtha, ont révélé des monuments oubliés qui étaient restés inaccessibles pendant des siècles. Leurs travaux, récemment présentés lors d'une conférence de la NASA sur l'archéologie spatiale, ouvrent la voie à une meilleure compréhension de l'adaptation des sociétés mayas aux changements climatiques, tout en posant des questions cruciales sur l'usage contemporain de ces technologies pour des recherches à plus grande échelle.
Une nouvelle ère pour l'archéologie : les satellites à l'œuvre
Une nouvelle ère s'ouvre pour l'archéologie grâce à l'utilisation de satellites équipés de technologies avancées. Jusqu'à récemment, les archéologues devaient braver la dense jungle pour atteindre des sites inconnus, souvent au prix de mois, voire d'années, d'expéditions laborieuses. Aujourd'hui, ce temps semble révolu grâce aux satellites employés dans des missions comme celles pilotées par la NASA.
Il devient ainsi possible d’explorer des zones entières, couvrant parfois plusieurs centaines de kilomètres carrés, depuis l’espace. Brett Houk, professeur d’archéologie à l'Université technologique du Texas, souligne, lors du symposium de deux jours organisés par la NASA et Archaeology From Space, l’ampleur de ces progrès en affirmant que plus de sites de la civilisation maya ont été découverts ces dix dernières années que durant les 150 années précédentes. Des propos rapportés dans un article de Space.com, en attendant la parution des travaux de Houk et ses équipes.
Ikonos, satellite d'observation de la Terre, a capturé cette vue en fausses couleurs de sites mayas au Guatemala en 2002. Les sites sont marqués par une forêt « jaune », la canopée en « rouge ». © Jesse Allen, Earth Observatory via Tom Sever et Burgess Howell, Marshall Space Flight Center et GeoEye
Le Lidar, basée sur la détection et la télémétrie par laser, se révèle être l'outil central de cette révolution. Le Lidar envoie des impulsions lumineuses vers le sol. En les recevant en retour, il crée une cartographie détaillée des structures cachées sous la végétation. Dans les zones où les ruines mayas ont été recouvertes par des siècles de croissance végétale, cette technique permet de « voir » au-delà de la canopée dense. Elle révèle des pyramides, temples et autres édifices jusque-là invisibles. Pour les chercheurs, cette avancée est essentielle pour comprendre la véritable étendue et complexité de la civilisation maya, longtemps dissimulée sous des forêts impénétrables.
Des découvertes en série pour la civilisation Maya
L'utilisation de la technologie Lidar a conduit à une série impressionnante de découvertes dans le nord-est du Belize, révélant un vaste nombre de ruines mayas jusque-là inconnues. Cette région, couvrant environ 650 km², a été le théâtre d'une campagne de recherche particulièrement fructueuse menée par l’équipe de Brett Houk. En seulement quelques jours, 28 nouveaux sites archéologiques ont été identifiés. Certaines de ces structures restent encore à explorer en profondeur. Mais ces premières découvertes offrent déjà des perspectives inédites sur la manière dont cette civilisation fonctionnait. Notamment à travers ses infrastructures monumentales. Les Mayas semblent avoir une organisation sociale et politique plus complexe et plus étendue que ce que les scientifiques supposaient jusqu’à présent.
Un des axes de recherche les plus prometteurs concerne la gestion des ressources en eau. Un aspect crucial dans les régions sujettes à des fluctuations climatiques drastiques. La civilisation maya se voyait confrontée à des périodes de sécheresse prolongée. Les recherches sur la civilisation maya mettent donc en lumière des stratégies de survie remarquables face aux variations climatiques.
Les terrasses agricoles et les réservoirs sont des exemples particulièrement éloquents de cette ingéniosité. Les terrasses permettent de minimiser l'érosion et d'optimiser l'irrigation. Elles permettaient de maintenir la fertilité des sols même en période de pluies irrégulières. Quant aux réservoirs, ils assuraient une réserve d'eau pour les mois arides. Ils garantissaient ainsi la survie des cultures et des populations. Mais le déclin des Mayas coïncide avec des changements climatiques drastiques, aggravés par l'arrivée des Espagnols.
Tim Murtha, de l’Université de Caroline du Nord, affirme que ces solutions anciennes offrent des leçons précieuses pour faire face aux crises écologiques contemporaines. Les pratiques mayas pourraient ainsi inspirer des méthodes modernes plus durables et résilientes face au réchauffement climatique actuel.
L'avenir de l'archéologie grâce à l'intelligence artificielle
L’avenir de l’archéologie pourrait être marqué par une synergie entre les technologies de détection par Lidar et l’intelligence artificielle (IA). Certes le Lidar a déjà considérablement amélioré la découverte et la cartographie des ruines. Mais il reste limité par la complexité et le volume des données à traiter. L’analyse manuelle de ces informations, bien que précise, nécessite beaucoup de temps et d'efforts humains. C'est ici que l'IA pourrait révolutionner le domaine. En formant des algorithmes capables de trier et d'analyser ces données plus rapidement, l'IA permettrait aux scientifiques de détecter des sites archéologiques enfouis avec une précision et une efficacité accrues.
Effectivement, cette vitesse de traitement permettrait d’accélérer la découverte de structures encore inconnues. Cela optimisera les campagnes de fouilles en ciblant plus précisément les sites d'intérêt. En outre, on peut entrainer l'IA à repérer des motifs spécifiques dans les données. Ce qui améliore la détection de petites structures ou de formations géologiques altérées, souvent invisibles à l’œil humain. Toutefois, la mise en place de telles solutions exige des financements considérables et des systèmes d'IA avancés, qui restent encore coûteux et peu accessibles aux équipes de recherche.
Bien que cette technologie soit encore en développement, les chercheurs espèrent qu’elle deviendra un outil indispensable pour les futures explorations. Avec l'objectif de réduire coûts et temps nécessaire à la cartographie des civilisations disparues, comme les Mayas.
Néanmoins elle a déjà commencé à faire ses preuves. Des chercheurs de l'Université Khalifa à Abu Dhabi utilisent l'intelligence artificielle et des images satellites pour détecter des sites archéologiques cachés dans le désert d'Arabie. Ils combinent un algorithme de machine learning avec le radar à ouverture synthétique (SAR). Ils ont identifié de nouveaux sites sous le sable, notamment autour du site de Saruq Al-Hadid. L'espoir d'une révélation de trésors archéologiques inexplorés.