5 200 ans après, on en apprend encore sur Ötzi. De premières études avait conclu que sa dépouille s'était tannée à cause de la glace, mais de nouvelles analyses ADN démontrent le contraire.
La momie Ötzi, aussi appelé "homme des glaces" trouvé en Italie en 2011. (ANDREA SOLERO / AFP)
Des nouvelles d'un homme de 5 200 ans. On en sait plus désormais sur Ötzi, cette momie découverte, il y a une trentaine d’années dans les Alpes italiennes et qui passionne les chercheurs depuis. Ötzi, c'est cet homme préhistorique, momifié naturellement et trouvé par un promeneur à la frontière italo-autrichienne en 1991. Sa dépouille tannée et congelée se trouvait à 3 210 mètres d'altitude.
Grâce à la glace, aux vents et au soleil, il était comme lyophilisé. Et il est devenu la momie la plus étudiée au monde ! Et on en sait désormais beaucoup à son sujet, après les travaux des anthropologues, généticiens, et autres biologistes. On connaît son dernier repas, on sait qu’il est mort d’un coup de flèche à 46 ans, qu’il était petit - 1,58 m environ -, qu’il avait de l’artériosclérose, qu’il s’est cassé le nez et plusieurs côtes. Les rainures sur ses ongles indiquent qu’il a sans doute été mal nourri avant sa mort. On sait aussi, grâce à ses vêtements notamment, qu’il s’était particulièrement bien adapté aux hautes altitudes.
"Le teint de peau le plus foncé qui ait été enregistré chez les individus européens contemporains"
Et une nouvelle étude vient nous apprendre autre chose : contrairement aux premières conclusions, voilà qu’Ötzi avait la peau foncée. Il restait jusque-là un mystère sur son origine, notamment sa peau "tanée". Les chercheurs ont longtemps pensé que la peau d’Iceman - c’est son autre nom : l’homme des glaces - s’était assombrie pendant sa conservation dans la glace. Finalement, c’était sans doute sa couleur d’origine, d’après le co-auteur de l’étude, l’anthropologue Albert Zinc, qui est en charge de sa conservation à l’institut de recherche Eurac de Bolzano en Italie. Il dit même que c’est "le teint de peau le plus foncé qui ait été enregistré chez les individus européens contemporains". Et c’est intéressant à savoir pour la conserver correctement.
Pour confirmer qu'il avait le teint foncé, les scientifiques ont avancé sur son origine, grâce aux nouvelles techniques de séquençage d’un vieil ADN de son bassin. Analysé une première fois en 2012, il avait emmené les chercheurs sur une fausse piste d’éleveurs nomades des Steppes. Mais il semble que l’échantillon avait été contaminé par de l’ADN humain moderne. En réalité, l'homme des glaces posséderait de nombreux gènes communs avec des agriculteurs d’Anatolie, qui est l’actuelle Turquie. Et il a sans doute vécu relativement isolé, avec très peu de contacts avec d'autres populations.
Autre découverte : ses gènes montrent une prédisposition à la calvitie - on pense donc maintenant qu’Ötzi était chauve en mourant - et un risque accru d'obésité et de diabète de type 2, deux maladies auxquelles il aurait échappé grâce à son mode de vie sain ! Si vous voulez lui rendre visite, Ötzi est, en tout cas, exposé en Italie, au musée d’archéologie de Bolzano, dans une chambre froide, à -6 degrés.