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Bảo tàng lịch sử Quốc gia

Musée National d'Histoire du Vietnam

14/04/2015 14:37 3304
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Depuis les années 1970, nos connaissances dans le domaine de la céramique vietnamienne ont beaucoup évolué à la faveur des fouilles conduites autour des jonques coulées dans les mers baignant les côtes de l’Asie du Sud-Est. D’innombrables céramiques vietnamiennes y ont été dégagées, toujours associés à des pièces chinoises et thaïes. Dans le même temps, de nombreux musées d’Asie du Sud-Est et d’Asie orientale ont enrichi leurs collections par l’acquisition de céramiques vietnamiennes d’exportation de grande qualité, dont la présence, dans ces régions, témoigne de l’importance des échanges commerciaux entre le Vietnam et ces pays aux 15èe et 16e siècles(fig. 1).

Ensemble de plats. 15e-16e siècle, grès, porcelaineux à décor de bleu de cobalt sous couverte. Paris, musée national des arts asiatiques- Guimet.

La céramique d’exportation à décor peint a notamment été étudiée à travers les nouvelles découvertes effectuées au large des îles de l’Asie du Sud et de l’Asie orientale. Particulièrement remarquables sont les céramiques (15e siècle) mise au jour en 1976 autour de l’îles de Rang Kwian (province de Chonburi, Thaïlande. Ont été retrouvées là des céramiques vietnamiennes blanches à décor peint au bleu de cobalt parmi lesquelles figuraient des bols, des plats, des coupes dont les formes et les décors ressemblaient à des céramiques provenant de Dazaifu (préfecture de Fukuoka, Japon). Ces céramiques vietnamiennes, produites par plusieurs fours, furent exhumées avec des céladons de Longquan (province du Zhejiang, Chine) et des céramiques thaïes datables de la seconde moitié du 14e siècle (Brown, 2009).

L’épave du Turiang, une jonque chinoise ayant sombré au large des côtes du Sud-est de la Malaisie, a livré des céramiques vietnamiennes à décor peint ornées de fleurs de chrysanthème d’un type similaire à celles de Rang Kwian et datables des années 1305-1370.

De même, en juin 1993, l’épave de Pandanan, découverte dans les eaux maritimes du secteur sud-ouest des Philippines et dont la fouille eut lieu de février à mai 1995, a livré d’intéressants éléments complémentaires sur les céramiques du Vietnam, de la Chine et de la Thaïlande au 15e siècle, 4772 pièces vietnamiennes furent remontées du navire, soit environ 75,6% de la cargaison. Parmi celles-ci, la majeure partie (74%) provenait du sud du pays, des fours de Gò Sành et de Trường Cửu (province de Bình Định), le reste émanant des fours du nord du Vietnam (Dizon 1996). L’analyse des monnaies retrouvées à bors, ainsi que des céramiques chinoises de Lonquan a permis à Eusebio Z. Dizon de dater la cargaison entre la fin du 14e siècle et le milieu du 15e siècle. Si l’on en juge par les photographies des bleu et blanc provenant de cette épave et publiées par Allison 1. Diem (Diem 1991 et 2001), la datation du 15e siècle semble la plus convaincante.

Mais, pour ce genre d’objets, la découverte et les fouilles maritimes les plus exeptionnelles eurent lieu au large des côtes de l’île de Cù Lao Chàm (province de Quảng Nam). Cette opération d’archéologie sous-marine fut un événement sans précédent au Vietnam (fig.2). Les résultats des fouilles de la jonque de Cù Lao Chàm furent publiés en 2000 dans le rapport scientifique de M. Phạm Quốc Quân et Tống Trung Tín (Butterfiefs Auctioneer Corp 2000) et dans le rapport que Mensun Bound, l’archéologue de l’université d’Oxford qui dirigea les fouilles, publia en 2001.

Fig.2: Céramique agglomérées à des concrétions sédimentaires maritimes, grès porcelaineux à décor de bleu de cobalt sous couverte, fin 15e- début 16e siècle. Fouilles archéologiques de Cù Lao Chàm, Hanoi, Musée national d’Histoire du vietnam.

Plus de 240.000 pièces furent mises au jour dans l’épave, sans compter les milliers de fragments et les milliers d’objets récupérés par les pêcheurs des environs avant le début des fouilles officielles. Outre ces pièces, diverses céramiques du Champa, de Chine et de Thaïlande s’ajoutèrent aux quelques objets appartenant aux membres d’équipage qui furent également retrouvés à cette occasion. Mais l’essentiel de la cargaison était constitué de céramiques vietnamiennes produites dans le nord du Vietnam, dans les fours de Hai Duong et de Thang Long. Les scientifiques se sont beaucoup interrogés sur la chronologie de l’épave que l’on date généralement, au Vietnam, des alentours du milieu ou de la fin du 15e siècle, tandis que certains Occidentaux la considèrent comme un peu plus tardive, entre la fin du 15e et le début du 16e siècle. Nous pensons que les céramiques de l’épave de Cù Lao Chàm reflètent avec éclat la forte croissance des exportations vietnamiennes à cette époque, qui voit l’apparition de formes et de décors d’une grande variété et qui participe d’un essor sans précédent des échanges commerciaux. Ces objets, liés essentiellement à l’art de la table, relèvent de la vie quotidienne et, dans une proportion moindre, de certaines croyances et pratique religieuses, tels des brûle-parfums ou des verseuses à eau de type kendi. On y observe de nombreuses pièces de conception traditionnelle comme les plats, les coupes, les bols, les boîtes et les vases de toutes sortes. Mais on note aussi l’apparition de nouvelles formes, en particulier des verseuses zoomorphes évoquant des dragons, des phénix ou d’autres animaux, ou encore des récipients en forme de pêche. Une pièce de ce type, peinte au bleu de cobalt sous couverte et rehaussée d’émaux polychromes sur couverte, est décorée de lions évoluant dans les nuages (Vietnamese Antiquities 2003, n0187, p.255). Une autre, dont la tête marquée d’une crête et d’une crinière ondulée se redresse tout comme la queue, figure un dragon en forme de U (Butterfields Auctioneers Corp 2000, vol, I, n071, p.36-37). Ce même, une verseuse de 26 cm de hauteur représente un perroquet dont les plumes sont ornées d’émaux polychromes et de deux oiseaux peints au bleu de cobalt sous couverte. En outre, il existe nombre de verseuse de forme balustre (on les dit “en forme de luth”, bình tỳ bà en vietnamien (fig.3), des boîté en forme de poisson ou de crabe ou une infinité d’objets divers, statuettes, jouets en forme de grenouille, de coq ou de cochon. La plupart de ces céramiques témoignent de l’influence des porcelaines chinoises des Ming (1368-1644), notamment les vases balustres dits yuhuchun ping en chinois (bình ngọc hồ xuân en vietnamien), peints au bleu de cobalt sous couverte et rehaussés de décors floraux qui procèdent des mêmes sources et sont caractérisés par un petit pied, une panse renflée, un col haut, d’abord étroit puis très évasé. Cette forme évoque peut-être celle du pipa, cet instrument à corde au profil piriforme. Leur décor se divise généralement en quatre registres: plumes de paon (ou feuilles de bananier), frise de pétales de lotus, puis, en tant que motif principal, poisson-lait (ou chano, un poisson des mers tropicales, cá măng en vietnamien) ou tout autre animal ou insecte, par exemple des papillons, ou encore paysages, nuages, tandis que le niveau inférieur est orné de pétales de lotus marqués de spirales, autant de thèmes qui distinguent ces pièces des créations chinoises (à suivre).

Fig.3: Verseuse de type ngọc hồ xuân, grès porcelaineux à décor de bleu de cobalt sous couverte, fin 15e- début 16e siècle. Fouilles archéologiques de Cù Lao Chàm, Hanoi, Musée national d’Histoire du Vietnam.

Nguyen Dinh Chien (ancien vice-directeur du Musée National d’Histoire du Vietnam)

Nguyen Thuy (présentation)

Musée National d'Histoire du Vietnam

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