L’architecture vietnamienne fut portée par plusieurs parrains qui l’influencèrent: Chinois au nord, Indiens et Khmers au sud, c’est d’abord dans le tracé des villes, les palais, temples, tombeaux impériaux et maisons communales qu’on découvre l’architecture vietnamienne traditionnelle. Villes, tombeaux, palais étaient dessinés suivant des critères astrologiques et géographiques très précis. Pour déterminer le site, on appliquait ici la “géomancie” science prenant en compte la configuration des astres au moment de la recherche du site, et aussi, parfois, des histoires de Yin et de Yang (l’image de deux dragons s’inclinant devant le soleil au sommet de la toiture): Il s’agit d’une fusion, une harmonie avec la nature tout à fait exceptionnelle, s’alliant au charme du site et au mystère de tous ces calculs et paramètres…
l’architecture de la pagode Keo
Dans des villes comme Hanoi et Hue, les grands tombeaux impériaux, les temples de Hoa Lu ect… répondirent à cette architecture. La rencontre avec le bouddhisme permit à l’architecture vietnamienne de s’enrichir er de se détacher de l’influence chinoise.
Du point de vue technique, ce qui primait, c’était le toit. Aussi les architectes portaient-ils tous leurs efforts sur les piliers et la charpente, fixés avec deux chevilles (sans clou) et sculptée abondamment, contrairement à la charpente chinoise qui était avant tout laquée. Les murs n’étaient souvent que des remplissages de bois et de brique. Ce sont surtout les temples qui expriment cette autonomie. Construits en forme de “H” “noi cong ngoai quoc’’ ceints de murs sur trois côtés et d’un grand portique sur le devant, ils correspondent au Vietnam. Plus tard, c’est dans l’édification des maisons communales (dinh) dédiées aux génies protégeant le village, que s’exprima pleinement l’art vietnamien, surtout du XVII è au XIX è siècle.
Quant aux pagodes (chua), elles présentent souvent le même plan: Trois salles en parallèle reliées au milieu par un couloir ou de petits ponts. La première, comme un vestibule avec deux immenses génies (le bon et le méchant) ou le Bonheur et le Malheur, ainsi que d’autres petits génies protecteurs). Au milieu, le brûle-parfum, les plateaux d’offrandes, les énormes grelots de prière en forme de carpe. Dans la dernière salle, on retrouve les représentations des plus célèbres mandarins et bonzes et les bouddhas du présent (sakyamuni), du passé et le l’avenir (maitreya).
Maison communale des ethnies du haut plateau du centre
L’architecture vietnamienne rurale
On utilise bien sûr les matériaux offerts par la nature: Bois, bambou, palme, chaume de riz. Elle exprime deux influences: Sur pilotis, là aussi, la charpente est l’élément le plus important de la construction. Souvent la toiture est couverte par la chaume, la tuile rouge, ou le bois (des Hmong noirs).
L’architecture vietnamienne moderne se distingue par le style colonial français aux réminiscences néoclassiques haussmanniennes, Art déco ou style villas de Cabourg. Elle fut relayée à l’indépendance par l’architecture soviétique néostalinienne, dont l’un des plus beaux fleurons est la mairie de Hanoi. Bref, comme l’a dit un intellectuel vietnamien, la civilisation du Vietnam, c’est mille ans de civilisation française.
L’art de la décoration de la maison vietnamienne
La modélisation a crée un art décoratif, au riche contenu philosophique (quand l’art décoratif occidental s’attache habituellement à la beauté visuelle, sans aucun besoin de signification)
Pagode de Thay dans l’environ de Hanoi
Dans l’ensemble de Tu Linh (les quatre animaux fabuleux), on retrouve Long (le dragon), symbole de la domination, de la force, du caractère mâle: Ly (le cheval-dragon) ou Lân (la licorne) symbole du désir de paix, la tortue symbolise la longévité et le phénix, symbole du bonheur; le couple dragon-phénix avec la paire ‘‘dragon-saurien” et “oiseau-immortel” symbolisant le bonheur du couple
Dans l’architecture vietnamienne, le dragon n’est pas l’apanage des rois ni des empereurs. Il est tellement populaire que partout dans la campagne on le rencontre. Il fait partie de la vie laborieuse du paysan, mettant bas, donnant naissance à une grande progéniture, et si docile que des femmes en jupe arrivent à danser sur leur dos. Ceci ne montre pas seulement le caractère démocratique de la culture vietnamienne, mais aussi le degré de la popularité du dragon.
Les quatre animaux fabuleux sont associés à quatre autres bêtes pour former les huit animaux. Ce sont Ngu le poisson, Phuc la chauve-souris, Hac la grue mythique et Ho le tigre. Ils sont souvent présentés dans l’architecture vietnamienne.
Le poisson, lié à la légende du “ poisson qui se transforme en dragon”, symbolise la réussite. Le nom chinois de la chauve-souris est Buc symbole du bonheur. La grue, oiseau rare et beau, incarne la béatitude, les pays merveilleux, là où il y a des grues, ils y a des immortels. Le tigre représente la force, et est vénéré habituellement pour combattre les fantômes, les mauvais esprits et les influences maléfiques.