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Bảo tàng lịch sử Quốc gia

Musée National d'Histoire du Vietnam

06/03/2024 10:48 464
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Images de l'épave du San José rendues publiques en 2022 par la Colombie, au cours d'une déclaration du président Iván Duque ©️ Presidencia de la República – Colombia

Il y a trois siècles, le galion espagnol San José coulait dans la mer des Caraïbes après une bataille avec les Britanniques, emportant avec lui or, argent et émeraudes. Un plan pour repêcher ce trésor d'une « valeur incalculable » a été annoncé par le gouvernement colombien. En juin 1708, au large de Carthagène des Indes, tout près des îles du Rosaire, le San José revenait du Nouveau Monde chargé de coffres d’émeraudes, d’environ 200 tonnes de pièces d’or, d’argent des mines du Potosi et d’autres trésors et joyaux pris aux populations locales. Le navire, qui se rendait à la cour du roi Philippe V d’Espagne, eut à peine le temps de lever l’ancre que la flotte britannique le coulait lors de la bataille de Baru, dans les actuelles eaux territoriales Colombiennes, emportant avec lui ce qui devait devenir le trésor le plus important jamais transporté entre l’Amérique et l’Europe. Depuis la découverte de l’épave par la Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI) en 2015, le trésor attise les convoitises de nombreux pays revendiquant chacun des droits de propriété.

Le trésor du galion : objet de contestations Le 20 juillet 2016, le président colombien de l’époque, Juan Manuel Santos, annonçait que la Colombie se préparait à repêcher sans l’endommager l’épave du San José. En 2022, les autorités colombiennes réaffirmaient leur mainmise sur le trésor en publiant sur Youtube des images de l’épave dans lesquelles les internautes pouvaient deviner, entre les algues et les coquillages, de la vaisselle en porcelaine, des canons en fonte, des poteries, des pièces probablement en or et une partie de la proue du navire.

 
 
De nombreuses pièces de céramique ont été mises au jour dans  et autour de l’épave du San José ©️ Presidencia de la República – Colombia

Mais l’Espagne revendique aussi la précieuse cargaison en vertu d’une convention de l’UNESCO sur le droit de la mer stipulant qu’une épave appartient à l’État qui la possédait. La nation Qhara Qhara en Bolivie affirme également que les richesses du San José devraient leur être restituées car elles auraient été prélevées sur leurs terres et que les Espagnols auraient forcé les indigènes boliviens à extraire les métaux précieux.

La mise en place des recherches

Sept ans après cette découverte du navire espagnol, le ministre de la Culture Colombien Juan David Correa vient d’annoncer à l’AFP que les objets visibles autour de l’épave vont être remontés à la surface afin de voir de quelle manière ils « se comportent en sortant [ de l’eau ] et de comprendre ce que l’on peut faire » pour la suite des opérations. Ce plan de repêchage a été organisé par une commission technique composée du Ministère des Cultures, des Arts et du Savoir, de l’Institut colombien d’Anthropologie et d’Histoire, par la Direction générale maritime et par la Marine colombienne.

 
 

Les membres de la DIMAR (Dirección General Marítima Colombiana) ont procédé à diverses opérations de transfert et de contrôle. ©️ Gobierno de Colombia

La fouille archéologique sous-marine se fera à l’aide d’un robot capable de descendre à 600 mètres de profondeur, où se trouve l’épave. Les travaux ont été estimés à plus de 4 millions d’euros, somme comprenant le renforcement de la capacité technique du robot avec l’adaptation d’un drone sous-marin qui sera dirigé depuis l’ARC Caribe, un navire polyvalent doté de capacités doubles: le développement scientifique et investigatif. Les résultats de la recherche devraient être dévoilés au public cette année, sous différents formats.

 
 

Simulation du drone sous-marin sur les fonds marins. La participation de géologues et d’océanographes parmi les chercheurs nous permet de connaître en détail les spécifications du site archéologique en termes naturels. ©️ Gobierno de Colombia

Une formidable découverte archéologique

L’emplacement du galion espagnol reste secret afin d’éviter que des chasseurs de trésors ne viennent le piller. Si les richesses du navire attirent les pirates contemporains, c’est avant tout un patrimoine archéologique inaliénable. Des informations sur le commerce transatlantique et le transport de marchandises à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, ainsi que sur les savoirs et les détails de la vie quotidienne de cette période, pourraient être révélées. Notamment sur des sujets d’intérêts historiques telles que les technologies de construction navale jusqu’aux instruments utilisés dans les confrontations navales en passant par les champs de bataille maritimes.

 
 

Samuel Scott, Combat naval au large de Carthagène, 28 mai 1708, vers 1772, huile sur toile, 86,3 cm x 124,4 cm, National Maritime Museum, Londres © Wikimedia Commons / David Cordinglu

Une opération politique

Ce repêchage est aussi l’occasion d’une mise en valeur du patrimoine culturel colombien avec la création d’un « musée des bateaux naufragés », avait annoncé l’ex-président colombien Iván Duque Márquez. Cette volonté de conservation de ce que le gouvernement Colombien considère comme un « bien d’intérêt » culturel souligne par ailleurs un positionnement politique anticolonialiste.

 
 

Photographie des canons du San José prise par le ROV (véhicule sous-marin téléopéré) dirigé depuis l’ARC Caribe ©️ Gobierno de Colombia

Alors que l’actuel président Gustavo Petro souhaite utiliser les ressources du pays pour récupérer l’épave et s’assurer qu’elle reste en Colombie, les peuples autochtones de Bolivie se sont ralliés à sa politique.« Ce n’est pas qu’une question de symbolique, a déclaré à l’AFP le leader bolivien indigène à Carthagène, Samuel Flores, c’est avant tout une question spirituelle. Nous voulons simplement que nos ancêtres reposent en paix ». Cette opération archéologique sous-marine se révèle être le point de rencontre de conflits larvés depuis trop longtemps.

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